NE PAS TOUCHER

Dans le rapport, Felwinne Sarr considère la restitution comme un outil de développement économique et social pour l’Afrique car le retour de ces biens spoliés offre « les perspectives de constitution d’une offre muséale prestigieuse porteuse de développement économique.1 » Aussi, si Felwinne Sarr développe un tel argument c’est parce qu’il s’appuie sur l’exemple du Bénin qui grâce à ses diverses actions visant à la promotion de son patrimoine, a contribué au développement du tourisme, et ce faisant à l’essor économique du pays2. Or, selon le chercheur sénégalais, un tel développement ne peut se faire sans un projet de restitution car la conservation de tels biens dans des musées français prive selon lui les pays africains de leur « richesse » et de leur « potentialité » culturelle3, en s’appuyant sur une donnée en particulier qu’il puise dans le constat d’Alain Godonou sur le patrimoine africain au « Forum de l’UNESCO sur la mémoire et l’universalité » de 2007 : « 90 à 95% du patrimoine africain est à l’extérieur du continent dans les grands musées.4 ». Pour Felwinne Sarr, la restitution représente par conséquent un « nouveau départ5 » pour l’Afrique. S’il considère que la restitution joue un rôle de « réparation » et que le rapport doit assurément s’inscrire dans cette perspective, en voulant faire de ce projet et de ce rapport « un nouveau départ » il envisage donc surtout la restitution du point de vue de ses biens faits et de son apport pour l’Afrique aujourd’hui et s’appuie sur une analyse économique et sociale des paramètres de la restitution, à partir d’exemples actuels, ce qui rappelle la position de l’Ecole du Patrimoine Africain sur la question.

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1 Felwine Sarr, Restituer le patrimoine africain, Paris, Philippe Rey, 2018, p.64.

2 Id., p. 92.

3 Id., p.3.

4 Alain Godounou, “Forum de l’UNESCO sur la mémoire et l’universalité », Témoins de l’histoire : Recueil de textes et documents relatifs au retour des objets culturels, Paris, UNESCO, 2011, p.63.

5 Felwine Sarr, op. cit., p.3.