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Fodé SYLLA
Qui est-il ?

Artiste et Président de l’association Art(sans)frique. Basée à Abidjan et Paris, elle promeut des projets artistiques en lien avec les deux territoires.

L’Art(sans)frique a imaginé et développé avec le Musée des Civilisations de Côte d’Ivoire et la Fondation TAPA, le projet La Collection Fantôme, en réponse au pillage subi par ce musée en 2011. Pensée sous la forme d'une recollection en actes, la Collection Fantôme propose d’imaginer et de créer à partir de l'absence des objets disparus. Les acteurs mobilisés (artistes, écoles, institutions culturelles) travaillent sur les thématiques de la préservation des biens culturels, du rôle du musée ou encore sur la symbolique des œuvres perdues et leur rapport au sacré. Chaque proposition vient enrichir une archéologie nouvelle, constituée comme un catalogue des possibles qui vient alimenter l’histoire de cette collection.

Fodé Sylla est engagé en faveur de la restitution des biens culturels africains qu’il nomme “fosses vitales” en ce qu’ils n’appartiennent pas seulement à l’artiste qui les a créés mais aussi à toute la communauté dans laquelle ils s’insèrent, qui a participé à la signification sociale de ces objets, et qui font partie de leur mémoire. Il déplore néanmoins le manque d'intérêt pour le patrimoine spolié en Afrique qui est selon lui symptomatique d’un rejet pour les arts africains et qui a été intériorisé par les populations locales pendant tout le processus de colonisation. Aussi, il envisage le rapport Sarr-Savoy de manière optimiste car sa publication et sa médiatisation ont justement permis un regain d'intérêt pour ces questions-là en Afrique. Restituer signifie pour lui redonner de la dignité aux populations qui ont été colonisées et leur permettre de se réapproprier leur passé. L’histoire de ces objets telle qu’elle est racontée aujourd’hui dans les musées français ne prend pas en compte la parole des populations dont ces objets sont issus. La plupart du temps selon lui, dans les musées français, la valeur esthétique est mise en avant mais sa valeur originelle n’est pas mentionnée. Par ce fait, le musée est perçu en Afrique comme un symbole colonial. L’idée d’imposer une muséification de ces objets en Afrique devrait donc être abandonnée. Du moins, on devrait accepter que les musées africains ne se conforment pas aux normes des musées telles qu’elles existent en France1. Cet artiste envisage donc la question de la restitution sous l’angle de la valorisation du patrimoine africain et se positionne sur le sujet par rapport à la manière dont il conçoit et envisage la fonction de ces biens culturels et surtout leur valeur.

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1 Fodé Sylla, propos recueillis par Claudia Leblanc et cités lors de la Conférence-Débat organisée par l’ESMA le 27 février 2019.

Prises de positions et modalités des preuves
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