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Jean-Loup Amselle
Qui est-il ?

Anthropologue et ethnologue français.

Directeur d’étude émérite à l’EHESS

Ancien rédacteur en chef des Cahiers d’études africaines

Prises de positions et modalités des preuves

Jean-Loup Amselle a concentré ses domaines de recherche sur l’ethnicité, l’identité, le métissage, le multiculturalisme et l’art africain contemporain. Sur le sujet de la restitution, il a surtout interrogé la notion de musée et ce que signifiait cette mise en musée par les pays occidentaux d’objets dont la fonction était à l’origine rituelle. Sa position porte ainsi spécifiquement sur les modalités de restitution de ces biens : dans « Ce que restituer veut dire » publié dans Aoc, il estime qu’exiger que les biens qui appartenaient aux anciennes colonies soient réexposés dans des musées une fois retournés à leur pays d’origine reproduirait les schémas de la colonisation (il juge notamment le projet de restitution tel qu’envisagé par Macron comme une manière de perpétuer la relation colonisateur-colonisé) car de telles contraintes reviendraient à leur exiger de se calquer sur un ancien modèle qui leur a été imposé par ailleurs. En se basant sur la distinction que Gérard Genette et Nelson Goodman établissent dans L’œuvre de l’art entre la notion « d’œuvre DE l’art » et « œuvre D’art », il estime ainsi que le processus de restitution tel qu’il est voulu et défini par le rapport est un « processus d’ethnicisation qui s’inscrit paradoxalement dans le sillage colonial » car ces biens « désignés » comme « œuvres d’art » avaient d’abord une fonction rituelle et renvoyaient plus à la notion « d’œuvre DE l’art » que « d’œuvre D’art »1. La position de Jean-Loup Amselle quant à la restitution des biens culturels, et surtout à ses modalités repose donc essentiellement sur une réflexion historique et anthropologique sur le statut de ces biens culturels et leur signification car comme il le souligne « Ce n’est que par le pillage colonial que ces objets parvenus dans les collections ou les musées occidentaux ont fait leur entrée dans le domaine de l’art.1» Cette approche historique et anthropologique de ces objets culturels le conduit de ce fait a envisager la restitution des objets d’art premier aux pays africains dans une toute autre problématique que celle des œuvres d’arts juives spoliées par les nazis : « Le pillage colonial et le transfert de ces objets en Occident revêtent ainsi tous les aspects d’une opération magique qui a eu pour effet de gommer le processus de resémantisation par lequel ils ont été dotés d’un nouveau statut. De sorte que rendre ces objets qui ont été prélevés comme ‘fétiches’ ressortissant au domaine de l’animisme, du paganisme ou du polythéisme aux descendants de ceux qui les ont fabriqués, aux ‘communautés’ dont ils proviennent, et qui, entre temps, ont subi de profondes transformations, invite à s’interroger sur le sens de cette opération. »2

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1 Ibid.

2 Ibid.

1 Jean-Loup Amselle, « Ce que restituer veut dire », AOC, 24 janvier 2019.

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