NE PAS TOUCHER

Les domaines de recherche de Vincent Négri concernent essentiellement des questions qui portent sur le droit du patrimoine et le droit de la culture à l’échelle internationale. Aussi, en collaboration avec l’UNESCO, son travail a consisté en grande partie à attribuer aux biens culturels un statut spécifique afin de faire valoir la nécessité de leur protection ainsi qu’à définir ce statut, qu’il caractérise de la même manière que l’organisation internationale, à savoir les biens qui « revêtent une importance pour l’art, la culture, l’histoire, la science1». Dans la conception de Vincent Négri, les biens culturels sont donc d’abord ceux qui présentent un caractère « irremplaçable 2» et il s’appuie pour cela sur le fait que « l’absence physique » de ces objets entraîne une souffrance qui serait « psychologiquement intolérable »3.

En ce qui concerne la restitution en tant que telle, Vincent Négri pointe également du doigt ceux qui envisagent le processus de restitution dans une perspective de réparation. Pour lui, la restitution ne doit pas en effet avoir pour objectif une forme de repentance mais viser à un « rééquilibrage de la répartition géographique de ces biens » car « rétablir ces objets » exactement dans le même état dans lequel ils se trouvaient au moment de leur spoliation serait « parfaitement impossible » dans la mesure où le déplacement de ces biens culturels aurait par-là même modifié leur sens et leur statut.

Vincent Négri appréhende donc la question de la restitution des biens culturels par la France à l’Afrique essentiellement du point de vue du statut qu’il accorde à ces objets et construit sa position à partir de cette conception particulière qu’il a du bien culturel puisqu’il légitime tout le processus de restitution en fonction de la signification de ces objets. Il se positionne cependant également dans la controverse sous l’angle des objectifs à confier au processus de restitution puisqu’il juge que le retour de ces objets devrait avoir une mission essentielle de rééquilibrage et non de réparation. Dans son discours, Vincent Négri fait fréquemment référence aux conventions de l’UNESCO et s’appuie sur l’autorité de celle-ci pour établir son opinion et construire sa position : tout son propos est soutenu à partir de preuves issues des études et textes de cette organisation.

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1 Vincent Négri, propos recueillis et cités par Louise Lorry lors d’un entretien réalisé le 30 avril 2019

2 Ibid.

3 Ibid.